La page blanche des quatre saisons

La page blanche des quatre saisons, un itinéraire lumineux, ludique et artistique qui se déroule au parc d’Anglemont.
Cette expérience visuelle et sonore associera la sensibilité et l'imaginaire du visiteur au génie des lieux qui habite le parc Gay. Les œuvres des artistes de CAL&Co servent ici de relais, de médium au sens propre du terme. Pour ce faire, l’expérience à laquelle nous invitons les visiteurs prend la forme d’un itinéraire marqué par quatre stations et autant de thèmes : le feu, l'eau, la terre, l'air. Ces éléments se retrouvent dans la topologie des Lilas et plus singulièrement du parc Anglemont.

Réveillez le génie des lieux. Ici et maintenant
Bienvenue dans les jardins de la nuit blanche !
Ce parcours initiatique et magique dans la nuit intitulé : « Nuit blanche, page blanche » est placé sous le patronage d'Arthur Henri Lambin, Conte d'Anglemont, premier propriétaire de ces lieux et deuxième maire des Lilas, et de Marie Delorme, deuxième propriétaire de ce parc, épouse de Jules Henri Gay qui lui donnera son nom actuel. Cet endroit vous est peut-être familier le jour, mais la nuit il se transforme et laisse apparaître des aspects singuliers.
Qui connaît ce parc ? Qui d'entre vous est venu la nuit ? Êtes-vous de jour ou plutôt de nuit ? La nuit vient tout cacher. « La nuit, dit le dicton, tous les chats sont gris ! ». La nuit fait naître le mystère. La nuit fait peur mais aussi révèle ce qu’il y a de plus intime en nous… et le génie des lieux.
Les latins nomme génie le dieu auquel chacun se trouve confié au moment de sa naissance. C’est ce génie que les enfants cherchent à rencontrer, non sans un plaisir secret, lorsqu’ils se cachent. Où est votre génie ? Le génie, on le sait, est double. Blanc et noir, ange, démon. Comme la page blanche ou la nuit noire.
Voici ce petit carnet. Il vous servira de guide et de mémoire. Vous y noterez ou dessinerez vos impressions. Le parcours auquel on vous convie n’est pas spectaculaire. Il est intérieur. Faites attention aux détails.
Dans ce parcours poétique, il y a quatre stations : le feu, l'eau, la terre et l'air. Ne sentez-vous pas dans ce parc, ici-même, le chaud, le froid, le sec et l'humide.
A chaque station les artistes vous attendent pour vous faire partager leurs visions. Mais avant, il faudra traverser le labyrinthe. Allumez vos bougies, vos lumignons, vos lanternes, vos torches et vos portables et suivez-moi ! Non, plus loin !
Le labyrinthe 
Regardez par terre. C'est un tracé qui évoque un labyrinthe. Il y en a de toutes sortes. Qui est déjà allé dans un labyrinthe ?
Le labyrinthe C’est une très ancienne figure de l'humanité. Elle désigne la première étape de l’initiation : car c’est en se perdant qu’on se retrouve et que l'on se purifie.
Nous allons vers l’eau !
Et voici la première station. Alain Piacentino nous propose de nous immerger dans le mouvement de l'eau en nous suggérant de voir le monde aquatique traversé par les rayons de lune.
L'eau est le premier élément de la vie. Pas d'eau, pas de vie. On dit que l'eau fut apporté jadis sur terre par les astéroïdes qui, en s'écrasant sur sa surface, libéraient l'eau qui finit par créer les océans. Aux Lilas, l'eau qui court sous la butte a servi à alimenter Paris (la Dhuys...).
Nous allons vers le feu !
Derrière c'est l'horizon et par delà le crépuscule. Le phénix de Fulvio Caccia qui flotte au-dessus du théâtre rappelle le soleil couchant et le feu de l'origine alors que la terre n'était qu'une boule d'hélium. L'Oiseau de feu, c'est le jour qui renaît chaque matin. Il répond à l'Oiseau de pluie à l'autre bout du parc. Car Le feu est lié au désir, à la passion, mais aussi à la transgression, à la frontière et à l'interdit. Qui n’a pas sauté la barrière la nuit ?
Nous allons vers la terre !
La terre, c'est le concret, elle renvoie ici au sous-sol, aux carrières de sables et de gypse avec leurs tunnels et leurs galeries, aux forces telluriques, secrètes. Jean-Claude Wetzel nous propose une traversée des miroirs où les apparences sont souvent trompeuses. Car les dimensions se confondent.
"Cet historien de l’art était fasciné par le terme contempler, dans lequel se trouve … le mot temple. En latin, le templum est à l’origine le carré ou le rectangle que les augures romains dessinaient dans le ciel avec leur bâton afin d’y inscrire une fenêtre comme espace, comme une zone divinatoire. Cette zone aérienne est devenue terrienne pour la construction… des temples, lieux du sacré, du recueillement et de la contemplation. Je vous invite à faire le parcours à l’envers, car tout sera à l’envers par la traversée des miroirs. Marchez sur la terre, et par la grâce des miroirs, marchez… sur le ciel ! Venez !"
L'air
Nous nous trouvons en surplomb, au dessus de la plaine parisienne, au point le plus élevé (130 mètres au dessus du niveau de la mer). L'air est notre dernier élément. C'est celui de la spiritualité. L' arbre en est le symbole, car il relie la terre au ciel. Ses ramures sont comme les racines du ciel. Cette installation imaginée par Pascaline Simar et Pierre-Yves Fave l'illustre éloquemment. Pour moi, elle concentre les quatre éléments.
La transmutation (en guise de conclusion)
Les pèlerins de st-Jacques de Compostelle avaient, dit-on, au terme de leur pèlerinage, l'habitude de brûler leur vêtements pour symboliser l'homme ou la femme nouvelle qu'ils étaient devenus. Nous ne vous en demanderons pas tant. Nous vous proposons d'arracher de votre carnet les deux feuilles que que vous signerez et que l'on brûlera symboliquement pour marquer cette expérience. Vous êtes invité par la suite à rester dans le parc et à faire l'expérience de la nuit.
Bonsoir
(Texte et récitant Fulvio Caccia)